Un politique peut-il être chef de guerre ?

11 Mai 2021 | Actu

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La gestion de crise – tout spécialement la gestion de la communication en période de crise – est l’un des terrains privilégiés des formations proposées aux entreprises par REDBOX Sécurité. Et tout naturellement, ses experts se sont interrogés sur la communication de crise mise en place par les pouvoirs publics lors de la pandémie du Covid-19. Avec une question centrale : dans une démocratie comme la nôtre, un dirigeant politique peut-il être un chef de guerre ? En affirmant lors de la première vague de la pandémie « Nous sommes en guerre », le président de la République a d’emblée placé sa gestion de crise sur le terrain militaire mais avait-il les armes et même simplement la possibilité institutionnelle de gérer la crise comme un chef mène une guerre ? Ce positionnement a sans doute été une faute de communication qui a entamé par la suite la relation de confiance avec la population qu’il voulait protéger.

Certes, une pandémie mondiale inédite peut difficilement être assimilée à une situation de crise, interne ou externe, vécue par une entreprise. Mais pour autant, « quelle que soit la crise, les mécanismes restent les mêmes », souligne Eric Zipper, fondateur et dirigeant de REDBOX Sécurité. Pour Jessica Zabollone-Hasquenoph, psychologue et psychosociologue spécialisée en gestion des situations critiques, expert de REDBOX Sécurité et fondatrice et dirigeante de CIPLUS, qui accompagne depuis quinze ans les entreprises confrontées à des situations critiques, la crise est caractérisée par la perte des repères habituels. Le dirigeant confronté à une situation de crise est plongé, souvent avec une grande brutalité, dans une zone d’incertitude très éloignée de sa zone de confort.

Pour y faire face, il doit s’y être préparé, tout comme l’ensemble des managers de son entreprise, et avoir mis en place des procédures permettant de réagir vite et efficacement à une situation imprévue et menaçante. Mais après la perte initiale des repères que les procédures aideront à affronter, le dirigeant devra savoir faire face à des évolutions déroutantes qui exigeront de lui une grande capacité d’adaptation. « Il lui faudra être humble tout en étant solide, savoir remettre en cause ce qu’il croit savoir et même si nécessaire se détacher des procédures de crise pour mieux coller à l’évolution de la situation », explique Jessica Zabollone-Hasquenoph.

Dans la communication de crise, l’élément-clé est la posture de départ. Selon Eric Zipper, « dès le début de la crise, il faut choisir la bonne posture et agir ensuite en conséquence, les mesures adoptées devant être appliquées à 100 %. Si je me présente comme chef de guerre, alors je dois mettre l’armée dans la rue ». Autant dire que cette posture n’était pas tenable sans dommage par le président de la République, obligé par le contrôle parlementaire et soumis aux pressions contradictoires de l’opinion publique, aux avis tout aussi contradictoires des experts et aux critiques de ses adversaires politiques.

Dans la première phase de la crise, les dirigeants ont semblé confier le choix des mesures sanitaires aux experts du comité scientifique conseillant le gouvernement, affaiblissant un peu plus la posture de chef de guerre du Président. « C’est le chef qui décide, pas les experts qui ont un rôle essentiel mais qui doit rester consultatif, note Jessica Zabollone-Hasquenoph. Mais à l’inverse, le chef ne doit pas prendre la place des experts. En s’improvisant expert lui-même, il les décrédibilise. » Leçon semble-t-il entendue par le président de la République qui, après la trêve de Noël, a repris la main et décidé de ne pas reconfiner à court terme contre l’avis d’une partie des experts scientifiques mais en accord avec une part grandissante de l’opinion publique de plus en plus réticente aux limitations de liberté.

La gestion de crise ne supporte pas l’approximation, exige des décisions rapides et des résultats immédiats. Les dirigeants politiques, plus familiers du débat contradictoire et de la recherche de compromis, n’y sont pas à l’aise. Raison de plus pour, eux aussi, mieux s’y préparer.

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